Mon père me demande souvent ce que je recherche lorsque je voyage. Pour lui, le voyage est toujours une échappatoire, un moyen de fuir ce que je ne veux pas affronter. Un internaute m’a conseillé un jour d’arrêter de fuir mes problèmes, de « grandir » et d’affronter la vie. J’entends souvent des commentaires de ce genre. Une croyance profondément ancrée dans la société veut que toute personne qui décide d’entreprendre un long voyage sans se fixer fuit inévitablement quelque chose.
Comme si le fait de choisir une autre voie faisait de moi une personne confuse, trop rêveuse, peu encline à assumer les responsabilités de la vie adulte. Mais est-ce si étrange de vouloir vivre différemment ? Parcourir de longues distances, explorer de nouveaux horizons, plonger dans l’inconnu me semble être une décision mûrement réfléchie. Bien sûr, certains peuvent y voir une fuite des responsabilités, mais pour moi, c’est une recherche constante de ce qui rend la vie intéressante.
Je ne nie pas le parcours classique que suivent de nombreuses personnes : études, travail, maison, famille, retraite. Mais ce modèle ne convient pas à tout le monde et n’est pas nécessairement le seul moyen de vivre une vie bien remplie. Pour moi, voyager est une façon d’évoluer, d’apprendre et de découvrir ce que chaque culture, chaque paysage, chaque personne a à offrir. Cette liberté d’aller où je veux, de découvrir des endroits inaccessibles, de rencontrer des personnes au parcours unique est une richesse que je préfère à la stabilité et à la sécurité.
La société est fascinée par les voyages, mais les limite souvent à de courtes vacances ou à des samedis créatifs. Au-delà de ces limites, le voyage devient suspect. Les gens se méfient des voyageurs nomades, qu’ils considèrent comme des âmes perdues, des irresponsables ou d’éternels rêveurs. Mais les voyageurs au long cours ne fuient pas nécessairement la vie, ils la vivent simplement différemment. Je n’essaie pas de fuir les responsabilités, mais de me libérer des attentes prédéterminées, des normes sociales qui dictent ce que signifie « réussir dans la vie ».
En effet, la vie de bureau, les trajets et les horaires serrés semblent parfois être une forme d’évasion, mais une évasion de la liberté, de la créativité et de la possibilité d’explorer le monde. Je ne veux pas attendre la retraite pour vivre des moments extraordinaires. Je veux saisir l’instant présent, embrasser l’inconnu et développer ma propre idée de la réussite et du bonheur. J’ai vu des endroits extraordinaires, j’ai assisté à des festivals étranges, j’ai goûté à des plats inconnus et j’ai rencontré des personnes inspirantes. Ces expériences m’ont appris que la vie est précieuse et que le temps ne revient jamais en arrière. J’ai décidé de ne pas passer mes journées au bureau, mais de voyager et d’admirer le monde qui m’entoure. Cette décision ne fait pas de moi une personne irresponsable ou naïve, mais simplement une personne qui choisit de vivre selon ses valeurs.
De l’extérieur, cela peut sembler étrange ou dénué de sens. Mais pour moi, cette décision reflète mon désir de vivre pleinement. À ceux qui pensent que je fuis la vie, je réponds que je cours plutôt vers la vie. Je recherche des expériences, des émotions et des moments uniques. Je refuse de suivre une vie prédéterminée parce que je veux écrire ma propre histoire et vivre ma propre aventure.
Après tout, chacun a sa propre définition de la vie. Certains trouvent le bonheur dans la stabilité et la routine, tandis que d’autres, comme moi, préfèrent les routes sinueuses et les horizons lointains. Peut-être qu’en fin de compte, il ne s’agit pas d’une fuite, mais d’une résolution. La décision de vivre différemment, de regarder le monde différemment, d’enfreindre les règles et de suivre sa propre voie.
